Séance No. 18 du mardi 29
novembre 2022
Lieu : Hôtel DuPeyrou Neuchâtel
Heure :
19 h 00
Présidence :
Yves Oppliger
Visiteurs :
André
Duvillard – Conférencier du jour
Iris Beuret
(Eric), Monica Boss (Cédric), Monique Clerc (Philippe) Raphaël Coquoz
(Françoise Fridez), Alen Hasanagic (Hava), Anne Jeanneret (François), Claude
Manueddu (Brigitte – RC NVT), Laurence Prébandier (Bernard), Monique Rognon
(Jacques)
Bulletinier :
Edmée Rembault
Présences
ailleurs :
Séance
Commission Assiduité-Fidélisation, 22.11.2022 : Brian Walters, Brigitte Leuba Manueddu,
Christine Ramseier et Séverine Scalia Giraud.
Séance
Commission Bounty, 23.11.2022 :
Marc-Emmanuel Grossen, Sandrine Ambigapathy, Jean-Claude Capt, Sacha R. Droz,
Cédric Germiquet, Murielle Henchoz, Jean-Michel Jordan et Raphaèle Tschoumy
Anniversaires :
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Agenda :
- Mardi 6 décembre 2022 - 11h30 Apéritif aux caves de
la ville
(apéritif offert par Brian Walters & Thierry Rousselot)
12h15 Hôtel DuPeyrou - Propos de Table -séance informelle - Jeudi 8 décembre 2022 - soirée Sapin Rotarien à la
Ferme de Pierre à Bot
- Mardi 13 décembre 2022 - 12h15 Hôtel DuPeyrou -
Assemblée Générale
- Jeudi 15 décembre 2022 - en soirée Match Volley
Coupe CEV NUC – Istanbul, Salle de la Riveraine
- Mardi 20 décembre 2022 -12h15 Hôtel DuPeyrou - Repas
de Noël
Communications
:
N’oubliez pas de faire le plein de
vitamines avec l’action de Séverine Scalia Giraud, oranges-mandarines et
citrons de Sicile. 1er lot délai 2.12.2022 et 2ème lot
délai 13 janvier 2023.
Divers
:
L’action Polyplus, conjointe entre le Rotary Vieille
Thielle et le Rotary de Neuchâtel, a permis la commande de 345 boîtes de
chocolat. Merci beaucoup à ceux qui ont commandé.
Vincent Bord présente Monsieur Duvillard en quelques
mots. Monsieur Duvillard est licencié en droit et a été délégué du CICR dans
les années 90, notamment en Irak. Au début des années 2000 il est devenu
Commandant de la police cantonale neuchâteloise, poste qu’il a occupé durant 15
ans. Durant 10 ans, il a été médiateur entre les cantons et la Confédération.
Conférence de Monsieur André Duvillard
« La crise
que l’on n’attendait pas … »
En 2012, il y a donc 10 ans,
les faits suivants se sont produits.
- En
mars, Vladimir Poutine a été élu président de la Russie.
- En
avril on a vu l’émergence des Printemps arabes, et Mohammed Morsi a été élu
président d’Egypte.
- En
mai : élection de François Hollande en France.
- En
juin : Aung Sang Suu Kyi sort de prison et est élue au parlement de
Birmanie.
En 2012, si on nous avait
parlé de terrorisme (le Bataclan) de 2 ans d’épidémie (le Covid), ou encore de
guerre et pénurie, on n’y aurait pas cru. Personne n’aurait pensé que
l’approvisionnement économique aurait pu devenir un problème, tout était
disponible en tout temps.
Actuellement, la période du
« just in time » est terminée, on se trouve face à de gros problèmes
d’approvisionnement. A Berne, l’Office fédéral de l’approvisionnement du pays
se dote de davantage de collaborateurs. La situation se mute en « just in
case », c’est-à-dire que des réserves sont constituées, or les réserves
coûtent. La prochaine pénurie sera celle des composants électroniques, et
particulièrement des puces. Taiwan et la Corée du Sud sont les seuls pays qui
les fabriquent.
Dans le monde de la
globalisation, il y a eu une grande évolution technologique, mais il y a
maintenant une cybermenace.
Dans le « Rapport de
politique et sécurité » de la Confédération, se trouve une liste, et
actuellement, le conflit armé est remonté plus haut dans la liste : il
devient plus vraisemblable. En Suisse une analyse du risque est faite sur a)
l’occurrence possible et b) les dégâts possibles, en miards de CHF. Cette
analyse a été menée sur des événements comme la pandémie ou la pénurie d’électricité.
En 2014, de grands exercices
de spécialistes de la sécurité ont été menés. Parmi les thèmes choisis il y
avait la « pandémie » et la « crise de l’électricité ». Par
exemple, la gestion électronique des paiements est opérée, pour toute la Suisse
par Six Group. Mais s’il n’y a pas d’électricité, il n’y a plus de versements
en cash, sauf peut-être à la Raiffeisen. Mais il faut relever que depuis 2014,
les acteurs n’ont pas pris de mesures.
Il y a trois pannes possibles
a) La brève coupure de 2 heures
b) le black-out durant 24-48 heures.
Effet domino d’une panne européenne
c) La pénurie
Comment en est-on arrivé
là ?
Jusqu’en 2009, la Suisse
était autonome dans ses besoins en énergie. Depuis 2009, il y a eu la
libéralisation du marché et les gens ont acheté de l’énergie à l’étranger car
c’était – cher. Des investissements dans les structures, tels que les projets
de réhaussement des barrages ont été ajournés. La pénurie nous guettait, dans
tous les cas, et était prévue pour 2024.
L’énergie utilisée en Suisse
provient du gaz, des huiles minérales et de l’électricité.
a) Le gaz : la Suisse n’a pas de
réserves, n’a pas de prévoyance de crise, n’a pas prévu de pénurie.
Actuellement le gaz est OK, mais durant l’hiver 2023-2024, les Norvégiens
devront faire des travaux sur les gazoducs, et l’approvisionnement va être
compliqué. Actuellement, pour le gaz, toutes les réserves européennes sont
pleines, bien qu’il y ait eu un sabotage sur Nordstream. En Suisse, 7 turbines
à gaz seront opérationnelles en Argovie dès février 2023, et dans notre région,
il y a la centrale à gaz de Cornaux, et celle de Fribourg qui peuvent être
remises en route.
b) Les huiles minérales. Il y en a.
Mais il y a un problème d’approvisionnement. Les barges ne peuvent plus passer
sur le Rhin car le niveau de l’eau est trop bas. Il y a des problèmes avec le
transport par train en Allemagne. La Suisse a déjà libéré 3 x ses réserves
stratégiques.
c) L’électricité. La production par
les barrages est liée aux précipitations. Les barrages sont remplis à 90%. Et
grâce à eux, on pourrait tenir 10 jours. La crise en Ukraine met l’Europe
entière dans l’embarras. Actuellement, il n’y a plus d’électricité qui vient
d’Ukraine alors qu’auparavant, elle en exportait beaucoup. La Suisse achète de
l’électricité en France où 28 centrales sont en route dès le 3 décembre. Mais
si l’hiver est froid, alors les Français voudront la totalité et ne pourront
pas en exporter.
Les problèmes, s’ils
surviennent, pourraient être de début février à fin mars. La Confédération veut
signer des contrats avec des centres de calcul qui ont de grosses génératrices.
Actuellement, 670 sociétés distribuent l’électricité à travers la Suisse, dont
certaines sont très petites. Le projet est d’éviter un arrêt complet, car cela
a de fortes répercussions.
Les mesures sont les
suivantes :
1) Appel à l’économie
2) Restriction de la consommation (=
interdictions)
3) Contingentement (arrêt uniquement
pour les gros consommateurs)
4) Le délestage : 4 heures avec,
4 heures sans.
Dans les mesures du
contingentement, l’économie a été consultée et intégrée. Il s’agirait de cibler
les 20% d’économie globale. Cela impliquerait par exemple d’éteindre les spas
dans les hôtels. Il faudra peut-être des négociations entre les branches
économiques.
Tout est envisagé pour éviter
le délestage. Mais dans les branches, les choses ne se font pas de manière
linéaire : par exemple si on demande à une entreprise de chocolats de
fabriquer -20% de sa production, cela ne donnera pas une économie de -20% de
l’électricité utilisée.
Il pourrait y avoir l’emploi
d’un « smartmeter », qui permet de mesurer en temps réel la
consommation de chacun. Cela permettrait aux sociétés d’envoyer à chacun
« 80% de sa consommation ». Et aux personnes et entreprises de gérer.
Un délestage serait fait sous
la forme de 4 heures avec électricité, 4 heures sans. Mais cela pose de
nombreux problèmes car il y a 670 sociétés et chacune devrait faire son plan de
délestage. Et d’un autre côté le Conseil fédéral veut donner de l’électricité
aux hôpitaux, mais alors tout le quartier de l’hôpital en aurait.
Si on coupe l’électricité
alors on couperait le courant dans les antennes Swisscom. Or les antennes
n’aiment pas être éteintes, et prennent beaucoup de temps au
rallumage. Les stations d’épuration également : si elles ne sont plus
en fonction, alors l’eau deviendra souillée. A Neuchâtel, cela représente 225
STEP. Il y a également un certain nombre de personnes dans les EMS qui ont besoin
d’électricité 24/24. Or, les EMS ne sont pas, comme les hôpitaux, équipées de
générateurs.
La gestion de la crise. En
temps normal, c’est le Département de l’énergie qui s’occupe de ces choses.
Lorsqu’il y a une crise, c’est le Département de l’approvisionnement.
Berne peut décider, mais doit
laisser du temps aux cantons de s’organiser. Le mot clé est l’anticipation.
Monsieur Duvillard est
optimiste, la Suisse est un pays robuste, les finances ne manquent pas trop, il
y a le fédéralisme et une bonne stabilité politique.
Question :
Quelles sont les implications
du changement climatique sur la migration dans la Méditerranée ?
Réponse : le changement
climatique stimule la migration. Il y a des gens qui doivent quitter leur
métier, par exemple les pêcheurs car les lacs sont secs. Ils veulent
s’installer là où le climat est plus propice.
Remarque :
J. Rognon avait écrit
autrefois à Mme Sommaruga, pour lui suggérer de prévoir une taskforce pour la
rédaction de scénarii. J. Rognon signale qu’autrefois il y avait 900 sociétés
fournissant de l’électricité.
Réponse : l’avantage est
qu’on voit venir cette crise. On ne le fait pas pour rien. L’année prochaine le
même scénario se dessinera. Chez les électriciens, les scénarii existent depuis
longtemps. Le transporteur de courant Swiss Grid a de grosses capacités. Une
partie des problèmes de la crise va être résolue par des acteurs privés.
Question :
Où va-t-on s’arrêter :
on continue à augmenter l’utilisation d’électricité partout, le bitcoin, les
voitures électriques, etc. ?
Réponse : les
datacenters sont de gros consommateurs. Il faudrait calculer la part
d’augmentation de la consommation liée à la digitalisation. D’un autre côté, il
y a des projets de nouveaux barrages à Zermatt, et le barrage du Grimsel va
être réhaussé aussi.
Remarque :
Il y a 5 ans, Alpiq voulait
vendre les barrages.
Réponse : ces barrages
appartiennent à l’actionnariat public, de même que bon nombre des sociétés de
distribution de l’électricité. Par exemple, le Groupe e appartient au canton de
Fribourg, au canton de Neuchâtel, et à Viteos.
Question :
Là, on assister à un réveil
sur l’énergie. Y aura-t-il, selon lui, d’autres réveils ?
Réponse : on s’est
réveillés sur certaines choses, par ex. les masques. Maintenant, si Taiwan est
envahi par la Chine, alors on n’aura plus de composants électroniques.
Question :
Aura-t-on un problème avec
les huiles minérales ?
Réponse : là, on n’est
pas trop dépendants de l’huile minérale russe. On a principalement un problème
de logistique : le chemin de fer en Allemagne, et les barges sur le Rhin
(qui ne peuvent pas circuler, à cause du niveau de l’eau, mais également qui ne
trouvent pas de repreneurs, les gens ne veulent plus devenir bateliers sur le
Rhin). Pour rappel, le port de Bâle est notre port d’entrée en Suisse depuis la
mer.
Question :
A qui profite le sabotage de
Nordstream ?
Réponse : les Russes ont
dit que c’était les Anglais. Actuellement, tout est possible. Les Américains
ont 1 objectif : faire baisser le degré d’armement des Russes. Les Russes
veulent que les Ukrainiens partent, émigrent en Europe, puis que la population
européenne, devant cette immigration, fasse pression politique, pour qu’il y
ait un arrêt de fourniture des armes à l’Ukraine (qui représente 1500 km de
front militaire).
Question :
Aura-t-on des émeutes en cas
de délestage ?
Réponse : dans certains
pays, les délestages sont fréquents et habituels. Chez nous effectivement, il y
a la possible apparition d’émeutes et de pillages. Les polices réfléchissent
aux risques sécuritaires. Et la grande distribution réfléchit aux approvisionnements
en nourriture. Ils mettront l’accent sur les petites succursales, et
l’approvisionnement sera réduit.
Question. :
Il semble que la Suisse
orientale est mieux approvisionnée en gaz. N’a-t-on pas pu faire des contrats
d’approvisionnement ?
Réponse. : aucun pays,
ni l’Allemagne, ni la France, ni l’Italie n’ont voulu faire de contrats
d’approvisionnement, ni pour le gaz, ni pour l’électricité, pour ne pas se
lier.
Question :
Le solaire : en cas de
délestage, que se passera-t-il ?
Réponse : théoriquement,
il faudrait pouvoir stocker dans des batteries de voitures, telles que les
Tesla ou les Hyundai.
Question :
Pourquoi la Confédération ne
pourrait-elle pas dépenser 6 miards pour des panneaux solaires ?
Réponse : actuellement,
80% des mises à l’enquête concernent des pompes à chaleur ou la pose de
panneaux solaires. Une autre chose serait de systématiser l’utilisation de
Smartmeter, ce qui coûterait aussi quelques miards, mais beaucoup moins qu’un
délestage.
E. Rembault